Château d'Aymavilles
Introduction
Le château d'Aymavilles, qui se dresse au centre du village sur un relief morainique, doit son aspect particulier à la coexistence de différents styles, résultat de la succession d'interventions qui ont transformé, au fil du temps, la tour quadrangulaire primitive et belliqueuse en l'édifice gracieux que nous voyons aujourd'hui : les quatre tours circulaires en pierre encadrent un corps central crépi qui a perdu les caractéristiques défensives d'un château au profit de loggias, de portiques et de stucs typiques d'une élégante construction résidentielle.
Le château se trouve dans la commune d'Aymavilles, juste au-dessus d'Aoste, le long de la route nationale Piccolo San Bernardo, de l'autre côté de la Doire, le long de la route de Sarre à Cogne.
Propriété de la Région autonome du Val d'Aoste, le château ne peut pas être visité à l'intérieur ; pour toute information, contacter l'A.P.T. Cogne Gran Paradiso - Tél. 0165.74040 - 0165.74056
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Description
Les premières informations sur le fief et le château d'Aymavilles remontent à 1278, date à laquelle le château consistait simplement en une tour quadrangulaire entourée de murs, selon le type répandu de château clos typique des premiers châteaux valdôtains.
La tour du XIIIe siècle conserve encore les grands murs, caractérisés par une forte écharpe, et un mur d'épines qui la divise en deux pièces sur toute sa hauteur. Selon une hypothèse généralement admise, la tour était complétée par de petites tours suspendues aux angles et par un crénelage courant. À l'intérieur, la tour, couverte d'un toit en bois reposant sur les créneaux, était divisée en six niveaux, dont le sous-sol, qui abritait la chapelle, la cuisine et les caves, était couvert par des voûtes en pierre qui existent encore aujourd'hui, tandis que les autres niveaux étaient séparés par des planchers en bois.
En 1357, Aimone di Challant, investi trois ans plus tôt du fief d'Aymavilles par Amadeus VI, entreprend des travaux de renforcement défensif de la structure, probablement jugée trop vulnérable en raison de la platitude du terrain environnant.
Les quatre tours d'angle sont alors construites : elles ont un plan circulaire et sont inégales en diamètre et en hauteur ; un crénelage est également édifié avec des créneaux en tuf aux embrasures en forme de croix soutenues par un triple ordre de corbeaux en bardiglio, ainsi qu'une double enceinte avec fossé et pont-levis.
Ces interventions rendent le château d'Aymavilles très semblable à celui d'Ivrea, dont la construction fut commencée en 1356 par Amedeo VII de Savoie, reprenant à son tour le style des constructions féodales françaises de l'époque.
Les quatre tours d'angle sont réalisées en blocs de tuf et de travertin et se caractérisent par la grande épaisseur de la maçonnerie ; au moins deux des tours contenaient à l'origine des escaliers en pierre dont il reste encore quelques traces. En même temps, dans la tour quadrangulaire, les fenêtres étaient encadrées en pierre et pourvues de sièges, également en pierre, semblables à ceux du château de Fénis construit par Aimon de Challant lui-même.
Les tours étaient terminées par un toit conique en bois, comme Nigra l'a supposé en 1938, soutenu dans son hypothèse de reconstruction par un graffito mural trouvé dans le château de Sarriod de la Tour, datant de la première moitié du XVIe siècle. Ce graffito montre le château d'Aymavilles avec ses tours terminées par un toit conique et entouré de murs crénelés avec des tours d'angle, dont il ne reste cependant aucune trace.
En 1450, Jacques François II comte de Challant construit un bâtiment semi-circulaire à usage résidentiel devant la tour sud-est, mais à part cette intervention, le château ne subit aucune modification structurelle pendant une période d'environ trois siècles et demi.
Il faut remonter à 1713 pour trouver le baron Joseph Félix de Challant occupé à transformer le château d'Aymavilles en résidence seigneuriale, les besoins défensifs justifiant l'ouvrage fortifié ayant cessé d'exister ; ces travaux s'achèvent en 1728, comme en témoigne la date gravée dans le plâtre du grenier.
Des galeries et des loggias sont construites pour relier les tours du XIVe siècle, cachant à la vue la tour quadrangulaire primitive. Ces nouvelles structures sont crépies et ornées de décorations en stuc, dans le style baroque, et offrent un contraste particulier avec la maçonnerie de tuf et de travertin des tours d'angle.
L'accès au château, sur le côté sud-est, est marqué par un double escalier menant à une loggia, servant de portique, surmontée d'un balcon.
La construction des galeries dans la partie centrale a eu pour conséquence directe de surélever la toiture, et il a alors été nécessaire de surélever également les tours, afin qu'elles ne soient pas écrasées. L'élévation fut réalisée en exploitant les triples consoles du XIVe siècle, mais les nouveaux créneaux furent construits d'une manière peu orthodoxe et les tours, qui avaient été auparavant terminées par un toit conique, restèrent sans toit.
En outre, les travaux de Joseph Félix impliquèrent la démolition du corps semi-circulaire érigé en 1450 par Jacques François II et des fortifications extérieures, tandis que le terrain environnant - environ huit hectares - fut transformé en jardin.
Historique
Le premier document attestant de l'existence du fief et du château d'Aymavilles remonte à 1278, année où Jacquemin d'Aymavilles est signalé comme copropriétaire de la tour du même nom ; l'édifice était en effet morcelé en de nombreuses propriétés, comme il était d'usage pour les domaines féodaux : parmi les propriétaires de la tour d'Aymavilles figurait Gonteret de Courmayeur, copropriétaire d'une douzième partie de l'édifice.
En même temps, le pouvoir des Savoie sur la vallée s'accroît et permet à Amadeus V et Amadeus VI, qui succèdent à leur père en 1334, de racheter et d'acquérir les différentes fractions du fief d'Aymavilles.
Joseph Félix fut remplacé, vers le milieu du XVIIIe siècle, par Charles Octave de Challant, qui dut cependant céder le château à son frère Maurice Philippe à la suite d'une vive querelle dans laquelle il perdit le château ; mais avant d'abandonner le château, Charles Octave le dépouilla d'une grande partie de ses meubles et de son mobilier.